avril 2022, la Commission europĂ©enne prĂ©sentait sa « feuille de route » pour Ă©liminer les substances chimiques les plus dangereuses pour la santĂ© et l’environnement des produits de grande consommation Ă l’horizon 2030. A l’Ă©poque, les ONG de dĂ©fense de l’environnement saluaient cette initiative tant attendue et la stratĂ©gie chimique proposĂ©e.
A l’Ă©chelle de l’Union europĂ©enne (UE 27), environ 270 millions de tonnes de substances chimiques sont produites chaque annĂ©e par l’industrie. Or, les 3/4 sont considĂ©rĂ©es comme « dangereuse pour la santĂ© ou l’environnement » par l’Agence europĂ©enne pour l’environnement (Eurostat)
Deux règlementations clés devaient être révisés : Reach pour Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques et CLP pour Classification, étiquetage et emballage des substances et des mélanges.
Ces révisions devaient notamment permettre :
l’Ă©valuation des produits chimiques non plus substance par substance mais par famille de produit. Par exemple pour les fameux PFAS (perfluorĂ©s anti-tâche, hydrofuge et anti-graisse), famille de 4800 substances, on ne sera plus obligĂ© de s’attaquer Ă chaque molĂ©cule individuellement pour les voir disparaitre du marchĂ© du fait de leur dangerositĂ© pour l’environnement (très grande persistance notamment) et pour la santĂ©, mais ce sera l’ensemble de la famille qui sera concernĂ© par cette interdiction.L’identification – enfin – des fameux perturbateurs endocriniens car pour le moment les donnĂ©es pour cette identification ne sont pas demandĂ©es ! Et donc l’exclusion de ces substances dangereuses.La possibilitĂ© de prendre – enfin ! – en compte l’exposition Ă des mĂ©langes de substance en vue de limiter le risque d’effets cocktail.La possibilitĂ© d’interdire certains usages grand public et professionnel de substances les plus dangereuses.
« Bref tout un panel de mesures indispensables Ă la protection des citoyennes et des citoyens europĂ©ens et de leur environnement. Le report de cette rĂ©forme est donc dramatique d’un point de vue sanitaire car avec les Ă©chĂ©ances Ă©lectorales de 2024 (Ă©lection des eurodĂ©putĂ©s) c’est tout le dispositif qui pourrait ĂŞtre remis en cause ! » s’indigne l’association GĂ©nĂ©rations Futures.
Et la faute Ă qui ? La faute aux gĂ©ants de la chimie qui depuis des mois ont fustigĂ© le Green Deal et cette stratĂ©gie sur les produits chimiques. Mais aussi Ă la France ! C’est Ă©galement le rĂ©sultat d’un travail de sape de la direction chargĂ©e du marchĂ© intĂ©rieur et de l’industrie.
« En dĂ©cidant du report de la rĂ©vision de règlement REACH sur les produits chimiques, la Commission EuropĂ©enne, sous pression de l’industrie chimiques se rĂ©signe Ă exposer les populations europĂ©ennes pendant encore des nombreuses annĂ©es Ă des substances chimiques dangereuses qui auraient Ă©tĂ© Ă©liminĂ©es par la rĂ©vision initialement prĂ©vue en 2022-2023 » s’insurge François Veillerette, porte-parole de GĂ©nĂ©rations Futures qui ajoute : « Nous constatons avec Ă©cĹ“urement que, sous prĂ©texte de guerre en Ukraine, ce sont en fait les intĂ©rĂŞts de l’industrie, de la compĂ©titivitĂ© et de la finance qui ont gagnĂ© au mĂ©pris de la santĂ© humaine et de l’environnement. ».
Pour Maria Arena (eurodĂ©putĂ©e belge), sur Twitter : « Le report de la rĂ©forme #REACH est inacceptable! 🙅‍♀️ Les profits de l’industrie chimique sont plus importants que la santĂ© des EuropĂ©ens pour la Commission. On se souviendra du Green Deal europĂ©en comme du Toxic Deal europĂ©en